Adrian Patiño de Barrio Collective: la musique comme espace de communauté & de solidarité
Roxane Cassehgari
13 juin 2022 | Musique
Adrian Patiño est un artiste aux multiples facettes : graphiste, DJ et, depuis plus récemment, producteur d'événements. Avec ses trois acolytes, Loly Bonilla, Francia Valbuena et Chris Melendez, Adrian a créé Barrio Collective, un collectif de jeunes Latinx qui organise des événements dans tout Brooklyn : fêtes, galeries pop-up d'artistes, etc. Iels font cela pour leur communauté et pour donner des espaces aux artistes Latinx de New York pour qu'iels puissent montrer leur art et leur talent.
Il y a toute une histoire derrière ce que Barrio Collective est aujourd'hui. Il y a six ans, Adrian a commencé à mixer comme DJ et à organiser des fêtes qui rappellent à la fois les typiques fêtes de salsa et les soirées des cool kids de Brooklyn. On peut y écouter de la salsa, du boogaloo, mais aussi du kompa haïtien, de l'électro, du reggae, etc. Tout enfant de la diaspora qui a grandi en écoutant une variété de genres musicaux peut s'y identifier. Et c'est ce qui a poussé Adrian vers la musique et l'organisation d'événements : il souhaite créer des espaces où les immigrant.es de New York de tous horizons peuvent se sentir chez eux tout en étant loin de chez eux.
Alors que Barrio Collective commence à prendre de l'ampleur, l'objectif reste le même. Que ce soit à travers les évènements pop-up où les artistes vendent leur arts ou les fêtes, Barrio Collective veut créer des lieux de connexion pour les personnes Latinxs et au-delà. Adrian parle du sentiment commun de nostalgie, de l'expérience d'être immigrant.e à New York, et de la musique de la diaspora africaine et caribéenne qui relie tant de communautés newyorkaises. L'idée de "barrio" (quartier) englobe tout cela. El barrio est la communauté où on trouve un sentiment d'appartenance, qu'on en soit originaire ou non. C'est le barrio qui nous rappelle quotidiennement qu'on fait partie d'un lieu, que ce soit à travers les vieux du quartier qui jouent aux dominos, la musique qu'on entend par les fenêtres ou les enceintes du voisin au coin de la rue. C'est la familiarité, le déjà vu, le rappel aux souvenirs qui sont si chers et importants pour celleux qui sont loin de chez elleux. C'est quelque chose que les personnes diasporiques recherchent et, comme le dit Adrian, c'est ce sentiment de nostalgie que l'on peut soulager à travers la musique, la fête et la nourriture.
Dans cet interview, le terme "Latinx" est employé pour respecter la préférence de l'interviewé. Pour Adrian, Latinx fait référence aux jeunes new-yorkais.es (et américain.es) de la diaspora latino-américaine.
Je sais que tu es colombien, que tu vis à New York. Peux-tu m'en dire un peu plus? Est-ce que tu te considères comme appartenant à une diaspora?
Je suis né à Miami, mais j'ai grandi à Cali en Colombie. Après 13 ans de vie à Cali, je suis parti vivre à Miami et j'y ai vécu 10 ans. J'ai ensuite déménagé à New York en 2013. Pour moi, la "diaspora", c'est un mouvement de personnes d'un lieu géographique à un autre. Et, oui, je sens que je fais partie de ce mouvement.
Pourquoi as-tu décidé de venir vivre à New York?
C'est à New York que mes parents se sont rencontré.es et sont tombé.es amoureu.ses.x. Pour moi, revenir ici, c'est un peu continuer le cycle de la vie. J'ai aussi toujours eu l'impression d'être une forme d'anthropologue. J'aime explorer des cultures différentes et montrer qu'en réalité nous sommes plus similaires qu'on le croit. C'est ce qui m'a amené à la musique. La musique rapproche nos différentes cultures. Ce que j'aime le plus, c'est jouer de la salsa, un rythme qui est né à New York lorsque des immigrant.es et des locaux se sont réunis pour jouer de la musique. Étant originaire de Cali, la salsa est presque une religion, et New York a toujours été un point de référence en la matière. Par ailleurs, c'est impressionnant ici. Il peut y avoir énormément diversité dans un seul block (une rue ou pâté de maisons à New York). Ici, où je vis, je rencontre des gens de toutes les Caraïbes, de toutes les Antilles, d'Haïti, de la Guyane. J'ai accès à toute cette culture dans un seul quartier.
C'est ce qui t'a poussé à devenir DJ et à organiser des fêtes ?
Je suis arrivé à New York avec cette image que je m'étais construit dans ma tête à travers la salsa. Mais il n'y avait pas beaucoup d'endroits où l'on pouvait danser la salsa et auxquels je pouvais m'identifier. Il y avait beaucoup de soirées Latino-américaines, mais il n'y avait pas d'espace pour écouter de la musique nouvelle et intéressante, issue de cultures différentes - de la musique sur laquelle on pouvait danser. Alors, je me suis dit "si ça n'existe pas, c'est à moi de le créer." Je voulais aussi ouvrir des espaces où les gens pourraient se connecter les uns aux autres. Je fais partie d'un groupe de jeunes artistes, et nous recherchons des choses qui sortent du mainstream. Nous allons naturellement vers d'autres personnes qui ont aussi une affinité avec l'art.
Je suis arrivé à New York avec cette image que je m'étais construit dans ma tête à travers la salsa. Mais il n'y avait pas beaucoup d'endroits où l'on pouvait danser la salsa et auxquels je pouvais m'identifier. Il y avait beaucoup de soirées latino-américaines, mais il n'y avait pas d'espace pour écouter de la musique nouvelle et intéressante, issue de cultures différentes.
Comment tout a commencé ?
J'aime les espaces qui permettent de créer un sentiment d'appartenance. J'aimais beaucoup le Bunker (un appartement partagé par des amis connu des cercles colombiens de New York). Il offrait un espace aux personnes qui venaient d'arriver aux Etats-Unis. Beaucoup de gens allaient au Bunker pour leur première fête. On pouvait s'y sentir à l'aise car c'était un espace qui accueillait toujours des gens de différents endroits, et beaucoup d'entre eux étaient des immigrant.es. Nous avons commencé à organiser des fêtes au Bunker, et nous avons ensuite continué dans des bars.
Ma première fête officielle a eu lieu au Lovers Rock à Brooklyn. Un ami, Felipe Quiroz, y jouait tous les mercredis, et il invitait d'autres DJs. J'ai parlé à Felipe de l'idée de jouer des sons tropicaux, anciens comme nouveaux. Il a aimé l'idée et c'est devenu la soirée "Tropical, Past and Future". Ce que nous faisions dans ces soirées n'était pas commun. On jouait de la musique diasporique. C'était un espace pour nous permettre d'exposer le public à ce son qui est influencé par la diaspora africaine. Nous jouions la musique qui, selon nous, n'était pas assez entendue dans les bars de Brooklyn. Par exemple, je n'avais jamais entendu de kompa haïtien de ma vie. Felipe est la personne qui me l'a fait découvrir, et je me suis dit, "mais qu'est-ce que c'est ?" Cela me rappelait un peu la salsa. Comment se fait-il que je vivais dans un quartier où il y a tant d'haïtiens et que je n'avais jamais entendu ce son auparavant ? Alors, j'ai commencé à en jouer. Et quand les haïtiens venaient aux soirées et entendaient ce que je jouais, iels étaient surpris.es. Mais pour moi, c'est aussi un son new-yorkais. Il vient d'une communauté new-yorkaise. Et nous jouons des sons new-yorkais. Sans ces cercles de DJs qui réunissent ces sons, il n'y aurait pas d'endroits où écouter à la fois le kompa et la salsa.
Peux-tu décrire ce que tu veux dire pas "son tropical"?
Le son tropical peut être représenté par un lieu, n'importe où dans les tropiques, avec des palmiers et l'océan. C'est un lieu de connexion. La musique qu'on y écoute est influencée par les percussions africaines qui ont été ramenées dans les Caraïbes et les Amériques. C'est une musique faite par la diaspora africaine de cette partie du monde. Prenez la culture du sound system en Jamaïque et le pico (sound system) de Barranquilla, en Colombie. Tout cela fait partie de la même chose. Aujourd'hui encore, il existe des collectionneu.se.r.s de musique qui recherchent de la musique africaine, la ramènent en Colombie et la font jouer dans les sound systems les plus puissants. Le son tropical est la musique qu'on écoute avec ces sound systems (enceintes). Ce sound system représente beaucoup de choses. C'est de la musique urbaine. C'est la musique du "barrio popular" (quartier de classes ouvrières/de classes moyennes). C'est là qu'on trouve la musique avec une vraie âme. La musique qui raconte les expériences que vous vivez en tant que personne, une personne qui peut naviguer à travers différentes cultures.
Tu viens de mentionner l'idée de barrio. Peux-tu parler de ton plus gros projet, Barrio Collective ?
Barrio Collective est un collectif qui organise des fêtes mais aussi des galleries où les artistes peuvent vendre leur art, ainsi que d'autres événements. Nous créons des espaces à travers la musique. À travers ces événements, nous voulons offrir l'opportunité à nos ami.es et à d'autres personnes d'exposer leur travail d'artiste et de le vendre. Et l'idée de "barrio" (quartier) est cette communauté que vous construisez avec le temps. Que vous veniez du Yémen ou de Colombie, si vous vivez à Bushwick, vous faites partie du quartier. Le barrio est cet endroit où vous vous sentez à la maison. C'est un endroit qui vous est familier, qui contient choses qui rendent nostalgiques comme la musique, la nourriture et les odeurs qui vous rappellent d'où vous venez, où que ce soit. Par exemple, lorsque je me rends à Bushwick, je peux sentir l'énergie d'un quartier plein de vie. Les gens qui jouent aux dominos, les cris, la musique, la danse. Vous trouvez cela partout dans le monde, vous pouvez trouver ces quatre gars qui jouent aux dominos ou au backgammon partout dans le monde. Le barrio est un esprit, un sentiment, et pas seulement un endroit.
Quels évènements as-tu déjà organisé avec Barrio Collective ?
Avec Barrio collective, nous avons organisé plusieurs événements. À l'été 2019, nous avons fait notre première galerie pop-up pour que les artistes y vendent leur art, La Feria à Brooklyn. Nous avons fait diverses Ferias et fêtes pendant l'été 2019, et nous avons continué à en faire jusqu'au début de 2020, puis en mars, nous avons tout arrêté. À l'été 2020, nous avons organisé Salsa al Parque, notre premier événement depuis le début de la pandémie. Loly, ma partenaire, et moi vivons près de Prospect Park. Il y avait des trucs qui se passaient tous les week-ends, tous les jours dans le parc, des spectacles... Donc, nous avons vu ça comme une opportunité pour nous de le faire aussi. C'est l'esprit de Barrio Collective. C'est "do it yourself". Nous avons également organisé Barrio Fest. C'est comme une plus grande Feria avec plusieurs groupes et artistes sur une grande scène. Notre fête la plus connue à l'heure actuelle s'appelle Déjà Vu, une fête mensuelle que nous organisons avec notre amie, Lia Camille. Cette soirée représente la musique que je veux écouter à New York quand je sors. C'est notre première soirée qui a lieu un vendredi.
Depuis l'interview, de nouveaux événements ont été créés : La Clave, une soirée salsa avec uniquement des sets de vinyles, et Disco Locas, une soirée avec des femmes DJs. Le calendrier des évènements est sur le website de Barrio Collective.
Qui fait partie de Barrio Collective ?
Nous sommes quatre derrière le collectif. Loly, moi et deux autres: Chris Melendez et Francia Valbuena. Francia est l'amie de Loly. Elle l'a accueillie dans la ville quand elle est arrivée de Colombie et lui a montré comment s'y débrouiller. Son surnom est la Cucha (mot affectueux pour désigner la mère en Colombie). C'est un peu la personne qui accueille les gens à New York et qui leur dit quoi faire, tous les conseils qu'il faut connaître quand on s'installe ici. Il y a des gens qui sont passé.es par les mêmes choses que vous. Iels ont appris des leçons à travers des erreurs qu'iels ne veulent pas que vous fassiez, et c'est aussi l'esprit de Barrio Collective. C'est ce groupe qui peut vous accueillir et vous donner des conseils pour évoluer dans cette culture et cette société. Vous pouvez allez en ligne et trouver des ressources, mais ce ne sont pas les infos dont vous avez vraiment besoin. Il y a tellement de choses qui se passent de bajo de cuerda (des ressources underground).
Et Chris, c'est un peu notre manager. Son père était manager de grands événements à Manhattan. Il sait à quoi ressemble un événement réussi parce qu'il l'a vu toute sa vie avec son père. Il est très professionnel et essaie de faire en sorte que tout se passe bien. Et il est comme un point d'ancrage. Il a des parents immigré.es, mais il a grandi à New York. Et quand on est issu.e de l'immigration, même si on a vécu ici toute notre vie, on a toujours l'impression de ne pas être d'ici. Nous cherchons toujours nos racines. Dans nos soirées, il y a beaucoup de gens comme ça, à la recherche de leurs racines et essayant de se connecter avec d'autres artistes Latinx.
Je remarque également que tu ne décris pas vos événements comme des fêtes colombiennes ou Latinx. C'est bien le cas ?
Nous voulions créer une fête pour les immigrant.es de New York. L'essentiel est de rassembler les gens. C'est la raison principale pour laquelle j'organise des fêtes, pour créer cet espace où les gens peuvent se réunir, boire une bière et discuter, et où quelqu'un comme toi ou moi peut parler espagnol toute la nuit et c'est tout à fait normal. À New York, ces espaces ont dû être créés par des personnes qui les recherchaient, mais je veux que la fête soit aussi accueillante et diverse que possible, parce que c'est New York, et c'est de cela qu'il s'agit. Si vous êtes à New York à la recherche de lien social, vous pouvez aussi le trouver chez nous. Nous essayons de faire écho à ce sentiment de nostalgie et de satisfaire le besoin de renouer avec de vieux souvenirs à travers une fête de diciembre ou une fête de carnaval. Et le moyen le plus simple d'y parvenir est la musique et la nourriture. C'est ça le raccourci pour soulager la nostalgie.
Pour moi, c'est aussi important de ne pas mettre un drapeau sur une fête car ce n'est pas seulement une fête de cumbia colombienne ou de salsa. Il s'agit toujours d'un mélange de musiques. On peut y écouter de la salsa ou de la cumbia, de la house, de la champeta et de la musique africaine. La musique que je joue est celle d'une personne de Cali qui vit à New York. Je tiens à le souligner. Je n'aime pas dire "Je suis le DJ de Cali ou de salsa". L'idée est que la musique doit être dansable et ouverte à tou.te.s. Je veux aussi montrer que nous n'écoutons pas seulement du merengue, ou que les dominicains n'écoutent pas seulement de la bachata, mais qu'il y a plus de variété que ça dans nos cultures. Nous avons fait des soirées où Felipe jouait de la musique électronique mélangée à du bullerengue de Colombie. La dernière fois, on m'a demandé si je pouvais jouer de la "musique latine" parce que je jouais de la house, et j'ai dit non. Pendant mon séjour à Paris, on a demandé à un ami de jouer de la musique américaine. Qu'est-ce que c'est ? L'Amérique, c'est quoi ? La musique latino-américaine est américaine. De même, un.e colombien.ne plus traditionnel.le peut ne pas comprendre ce que nous faisons avec ces fêtes. Il y a des gens qui pensent que c'est seulement la cumbia et la salsa. Et non, nous couvrons un large éventail de genres musicaux, de sons qui nous ressemblent, et c'est beaucoup de choses. Notre objectif est de montrer notre culture et d'organiser une fête qui nous ressemble.
Pour moi, c'est important de ne pas mettre un drapeau sur une fête. On peut y écouter de la salsa ou de la cumbia, de la house, de la champeta et de la musique africaine. La musique que je joue est celle d'une personne de Cali qui vit à New York.
Oui, et ce serait bien d'arriver à un point où vous n'auriez pas besoin d'associer votre fête à une culture en particulier. Si quatre américain.es blanc.hes organisaient une fête, vous ne diriez pas que c'est une fête américaine, vous diriez simplement que c'est une fête. De même, votre fête est une fête, et il se trouve que les personnes qui l'organisent sont Latinxs.
Ouais. C'est un vrai combat. Ces espaces (l'industrie musicale) ont besoin de vous définir pour vous comprendre et savoir qui peut vous aimer, mais c'est tellement difficile de définir les choses comme ça. On joue notre musique et les gens réagissent comme "M...quel est ce type de musique ?" C'est juste difficile de la définir parce que nous avons été influencé.es par tellement de choses, par nos propres expériences. Quelqu'un peut venir du même pays, de la même ville, et écouter une musique complètement différente. Homogénéiser la culture latino-américaine est une grosse erreur. Il est difficile d'expliquer à quelqu'un la diversité qui existe dans nos communautés. Et devoir éduquer à chaque fois sur ça, c'est fatiguant, et c'est pourquoi c'est important d'avoir Barrio Collective parce que dans nos fêtes, je n'ai pas besoin d'expliquer cela à qui que ce soit. Les gens l'ont déjà compris. Je n'ai pas besoin de parler de Pablo Escobar quand je vais à ces soirées, jamais, JAMAIS !
Par exemple, nous avons commencé par annoncer la soirée "Déjà Vu" comme une soirée tropicale. Maintenant, je sens que je n'ai plus besoin de ça. C'est simplement la soirée "Déjà Vu". Quelqu'un a fait la remarque "oh, c'est une soirée reggaeton y perreo." Je me suis dit "non, je ne vais pas mettre ça sur le flyer." Je vais jouer d'autres genres musicaux et les autres DJs aussi. Je ne veux pas être limité par ce qu'est censée être la culture Latinx. C'est tellement de choses différentes.
Homogénéiser la culture latino-américaine est une erreur. Il est difficile d'expliquer à quelqu'un la diversité qui existe dans nos communautés. Et devoir éduquer à chaque fois sur ça, c'est fatiguant et c'est important d'avoir Barrio Collective parce que dans nos fêtes, je n'ai pas besoin d'expliquer cela à qui que ce soit.
Et les gens qui vont à vos soirées valorisent ça.
Justement, qui vient le plus souvent à vos fêtes ? Des Latinxs, des américains de première génération, des immigrant.es, d'autres personnes ?
J'aime vraiment créer un sentiment de nostalgie dans mes soirées. On peut le voir dans la musique que je joue. Je veux créer des émotions en passant un son qui n'a pas été entendu depuis vingt ans.
C'est intéressant que tu parles de nostalgie. En tant qu'immigrant.es, nous avons souvent cette peur de perdre notre culture petit à petit, une génération après l'autre. Y a-t-il des gens qui t'ont remercié d'avoir créé cet espace où iels peuvent renouer avec leur culture ?
Tu as mentionné faire partie d'une jeune communauté d'artistiques Latinx. À New York, beaucoup de jeunes artistes Latinx contribuent à remettre en question les perceptions relatives au genre, à la race ou à ce que c'est que d'être Latinx. As-tu le sentiment de participer à ça ?
Ouvrir un espace par le biais d'une fête pour des personnes qui ne sont pas visibles la plupart du temps, c'est politique.
Nous n'avons pas d'intention politique explicite. Évidemment, nous avons des opinions, mais pour moi, l'important est de créer des espaces pour que différentes personnes puissent se rencontrer et si elles veulent parler de politique, qu'elles en parlent. Cependant, lorsque Trump est devenu président, cela m'a vraiment poussé à créer plus d'événements et d'espaces pour que notre musique soit entendue, pour pouvoir dire que nous sommes ici, et que les immigrant.es et leur musique ont leur place dans ce pays. Pour moi, c'est une motivation. Plus il y a de fêtes, mieux c'est. Je veux que notre musique soit diffusée dans tout Brooklyn et partout ailleurs aussi. Donc, bien que nous ne le disions pas spécifiquement, nous créons des espaces pour que les jeunes Latinx puissent exister, faire la fête et s'épanouir. Ce que nous créons, c'est une communauté.
Nous créons des espaces pour que les jeunes Latinx puissent exister, faire la fête et s'épanouir. Ce que nous créons, c'est une communauté.
Barrio Collective fait tellement de choses. Vous êtes quatre personnes à tout faire. Toi-même, tu es DJ, tu produis des événements, tu conçois les flyers. Pouvons-nous juste prendre un moment pour réaliser la quantité de travail que vous faites avec si peu de personnes ? !
Ouais ! Nous faisons beaucoup de choses. Nous avons appris à faire beaucoup de choses par nous-mêmes. Les gens reconnaissent qu'il faut beaucoup d'efforts pour organiser ces événements. Nous le faisons simplement parce que nous le pouvons, et parce que nous avons l'énergie nécessaire en ce moment, et nous ne voulons pas perdre notre élan. Il est difficile d'expliquer pourquoi nous le faisons, sinon que nous voulons simplement organiser cette fête qui, selon nous, a le potentiel de servir notre communauté.